Sous ce mot-déclic qui suscite l’adhésion, gouvernements et industriels vendent à la population une image positive de leurs actes, et s’opposer à leur gestion de la société peut nous exposer à une remise à l’ordre au nom d’un idéal soi-disant éthique. Mais au fond, ils ne pensent qu’au développement et à la croissance de l’économie, quoi qu’ils en disent.
Ce qui se développe, une plante par exemple, est en phase de croissance. Substituer le terme d’écologie – qui signifie une adéquation de l’habitat avec le milieu – par le terme de développement durable – qui signifie la croissance qui dure donc qui sature et altère gravement le milieu – tout en postulant que ce développement peut durer et être supportable, est une mystification majeure de notre époque.
De nombreuses personnes, qui ne sont pas aussi cyniques que les tenant-e-s du pouvoir, agissent sincèrement pour un idéal qu’elles appellent aussi « développement durable », et servent ainsi un système morbide qui tente vainement de prolonger son existence.
Au mieux, si cette doctrine s’appliquait vraiment, elle tendrait à optimiser – et donc à maximiser – l’exploitation des ressources naturelles et humaines, dans les limites du supportable. Est-ce là un avenir désirable ? Là où d’autres y voient une éthique, nous n’y voyons qu’une froide raison économique. Nous ne croyons pas au « progrès » de ce système dont le but reste de maximiser les profits et dont le « développement durable » n’est autre qu’un capitalisme vert. Comment peut-on rêver d’un système d’exploitation éternel ?
De plus, il semble bien illusoire qu’il remette en cause de lui-même le productivisme qui pousse au court terme et engendre les filières « de la mine à la décharge ». Le capital cherche à croître, investit pour l’augmentation des flux, ce qui augmente la demande en ressources, et celles qu’on pourrait sauver dans un secteur – par des programmes d’économie – se trouvent rapidement à disposition d’un autre. La fuite en avant dans la politique de la terre brûlée continue.